Comme Tripoli et Tunis , Alger dépendait de la" Sublime Porte" et le Sultan Ottoman tiendras toujours à faire valoir ses droits, même après 1830 .
A partir de 1887,la Régence est administrée par un pacha gouvernant au nom du sultan et appuyant son autorité sur l'Odjak des janissaires fournis par le pouvoir Ottoman.Le déclin de l'empire et l'éoignement de Constantinople laissent cependant aux maîtres d'Alger une large autorité , qui correspond à l'apogée de la course barbaresque .
A partir de 1871,c'est l'Odjak des janissaires qui élit le dey dont la désignation est ensuite confirmée par le sultan
Sur les 28 deys qui se succédèrent de 1671 à 1830, quatorze furent portés du pouvoir par l'émeute à la suite de l'assassinat de leur prédécesseur .En fait les deys ne gouvernaient qu'une faible partie de la regence .Les hauts-plateaux du Tell , les montagnes de Kabylie et le massif des Aurès -pou ne pas dire des confins sahariens-échappaient totalement à leur autorité .Celle-ci s'éxerce essentiellement dans le domaine fiscal ,et les populations sont régulièrement pressurées par la force .
Pour Charles André Julien :"la regence d'Alger n'était qu'une colonie d'exploitation dirigée par une minorité de Turcs ,avec le concours des notables .
Les 10.000 Turcs recrutés en Anatolie ,à Smyrne ou à Constantinople constituaient 5000 métis .L'Odjak des janissaires algérois formaient une aristocratie manifestant le plus grand mépris pour les Maures et les Juifs des villes, pour ne pas dire les Arabes des tribus , assimilés à la Raia.C'est à dire au "bétail" chrétien de l'empire Ottoman .La regence avait connu son apogée à l'époque où la course barbaresque amenait chaque année à Alger des dizaines de prises et où 35000 captifs y attendaient d'être vendus comme esclaves ou rachetés grâce aux bons soins des Lazaristes ou des mercenaires .
Les expéditions navales qui avaient bombardé la ville à plusieurs reprises à l'époque de Louis xiv et la lutte menée par les gloires de Malte avaient limité sensiblement les ravages de la course .Mais au début du xix e siecle ,sept puissances européennes ,dont l'Angleterre payaient encore un tribut au dey pour éviter que leurs navires ne soient pris.Alger demeurant un problème qui ne sera réglé qu'en 1830.
La regence compatait à l'époque un peu moins de trois millions d'habitants ,dont 95 pc de ruraux ,utilisant un outillage archaique ,ne pratiquant qu'une irirgation très sommaire et n'obtenant sur leurs terres que de très faibles rendements.
Alors qu'elle était au xvii e siecle une cité peuplée de 100.000 habitants, Alger n'en compte plus ,avec le déclin de la course ,que 30.000 en 1830.Oran n'en a plus que 900 0après l'abandon espagnol.Les routes carrossables sont inéxistantes .Il faut neuf jours pour aller d'Alger à Constantine.
De rite Hanafite, les Turcs étaient perçus comme des etrangers dans un pays fortement marqué par un malékisme rigoureux .E n 1805,les Turcs doivent abandonner Mascara et se retouvent assiégés à Tlemcen.
Le sentiment tribal et les solidarités nouées au sein des confreries ne suffisent pas cependant à créer une conscience "nationale"
Phillipe Conrad