Musée de l'Orangerie Paris
D'abord peintre sur porcelaine, Auguste Renoir ( 1841-1919 ) est admis à l'Ecole impériale et spéciale des Beaux-Arts Avec Claude Monet, rencontré dans l'atelier privé de Charles Gleyre, Renoir découvre la peinture de plein air, éclaircit sa palette et anime sa touche en la morcelant
En 1684, il expose au Salon officiel puis prend part deux premières expositions " impressionnistes " en 1874 et 1876 avec des sujets tirés de la vie contemporaine. Participant à nouveau au Salon, il y trouve enfin le succès
Suit une période dite " ingresque " où le modelé est plus précis. Régénérant une veine " classique " d'où toute sécheresse est absente. Renoir peint des femmes opulentes, à la chair pulpeuse, de plus en plus sculpturales, groupées dans un luxurieux paysage, et adopte un style plus souple, conciliant ligne et couleur.
Les tableaux de Renoir occupaient la place d'honneur dans les appartements successifs de couple Guillaume, regroupés sur un large mur autour des jeunes filles au piano
"Cela me repose de peindre des fleurs. Je n’y apporte pas la même tension d’esprit que lorsque je suis en face d’un modèle. Quand je peins des fleurs je pose des tons, j’essaye des valeurs hardiment.", confiait Renoir à Georges Rivière.
Ce chatoyant bouquet offre en effet des tonalités où dominent fortement le rouge le vert et le jaune. L'arrière-plan est constitué d'un fond réalisé par de larges touches de rouge mêlées de beige sur lequel se détache un vase vert accueillant un généreux bouquet de tulipes et de fleurs multicolores. Cette toile aurait été peinte par Renoir à Cagnes, peu de temps son installation définitive dans le midi de la France. Renoir a peint de nombreux bouquets de fleurs au cours de sa carrière. Ceux-ci ont été une joie pour lui jusqu'à la fin de sa vie. En effet en 1916 il déclarait encore au marchand Ambroise Vollard ( 1866- 1869 ) devant un bouquet de dahlias :
Regardez Vollard dit-il : N'est-ce- pas que c'est aussi brillant qu'une bataille de Delacroix ?!
Le marchand et collectionneur Paul Guillaume fait l'acquisition de cette toile en 1929. Elle était restée dans l'atelier du peintre jusqu'à sa mort en 1919
Aline Charigot, ( 1859- 1915), épouse de Renoir, appréciait comme lui les bouquets et en parsemait leurs différentes demeures. Ambroise Vollard ( 1866-1939 ), un des marchands de Renoir, rapporte dans ses mémoires que :
...tout s'explique quand on a vu Mme Renoir veillant à tout, jusqu'aux pinceaux pour qu'ils fussent bien lavés et, dans des pots de terre vernissée, ces jolis pots qu'elle découvrait aux étalages, disposant elle-même des fleurs avec ce goût si sûr qui faisait dire à Renoir : " Quand ma femme a fait un bouquet je n'ai plus qu'à le peindre "
On retrouve effectivement ce pot vert dans cette toile. Un bouquet en forme d'étoile s'en échappe, où des coquelicots et des roses s'entremêlent à d'autres fleurs. Chaque espèce possède une forme et des couleurs différentes.
Les couleurs sont franches et les tons sont chauds. Le ton vert du vase, rappelé par les feuillages, tranche sur le fond bleu. Les fleurs rouges et jaunes sont tempérées par le rose très pâle sur la droite, mais rappelle le meuble brun sur lequel le vase est posé
Cette oeuvre de Renoir se rapproche aussi des natures mortes peintes dans les années 1860 et 1870 par Edouard Manet ( 1832-1883 )
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