MARIE LAURENCIN
Marie Laurencin (1883-1956 ) apprend la peinture sur Porcelaine puis suit les cours de dessin de la ville de Paris et de l'Académie de Humbert. Elle fréquente la" bande à Picasso " au Bateau-Lavoir où elle rencontre le poète Guillaume Appollinaire avec qui elle a eu une liaison passionnée et orageuse
Un temps sensible au fauvisme , Marie Laurencin, la "muse des cubistes"simplifie et idéalise les formes sous leur influence. A partir de 1910, sa palette vire au gris, au rose, aux tons pastels puis elle découvre en Espagne la peinture de Goya
En 1920, elle commence à peindre ces personnages féminins élancés et vaporeux qu'elle reprendra par la suite dans des toiles aux tons pâles, évocatrices d'un monde enchanté . Elle peint les portraits des célébrités parisiennes et réalise des décors de théâtre , en particulier pour les Ballets Russes. S'y développe un goût pour la métamorphose, réunissant deux thèmes favoris de Marie Laurencin : les jeunes femmes et les animaux
Mariée à un Allemand, Marie Laurencin vécut hors de Paris durant près de cinq années de 1914 à 1919, durant lesquelles elle séjourna principalement en Espagne, puis en Suisse et en Allemagne. Elle souffrit de l’éloignement de la capitale française, centre incomparable de créativité artistique. Après son retour, elle développa dans les années 1920 un nouveau style dont ces Danseuses espagnoles sont un bon reflet. Les couleurs sourdes et le géométrisme hérité du cubisme sont remplacés par des tons clairs et des compositions ondoyantes. L’alliance entre le monde féminin et le monde animal qui devient son thème favori est ici éclatant
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Trois jeunes femmes semblent tournoyer autour d’un petit chien bondissant, devant un grand cheval gris. Marie Laurencin s’est représentée elle-même agenouillée au premier plan, vêtue d’un tutu rose, qui est le seul ton chaud du tableau. Ses mains s’entremêlent avec celles de la jeune fille de droite. La jeune fille de gauche, exclue de cette complicité, esquisse un pas de danse et retient un chapeau. Ses yeux s’enchaînent avec le grand œil en amande du cheval. Les animaux sont ici de libres compagnons, confidents des danseuses dans un étrange paradis.
Juliette Lacaze (1898-1977), née dans le sud-est de la France, s’installe à Paris à la fin des années 1910. D’une très grande beauté et d’une forte personnalité, elle travaille dans un cabaret de Montparnasse où elle côtoie l’avant-garde artistique. Est-ce là qu’elle rencontre Paul Guillaume, dynamique et prometteur marchand d’art ? Très amoureux d’elle, il l’épouse en 1920, la surnomme Domenica et l’introduit dans la bonne société parisienne. Marie Laurencin était un des artistes liés à Paul Guillaume et débutait une activité de portraitiste mondain. Il n’est donc pas étonnant que Domenica ait désiré avoir son portrait, symbole de notoriété et d’aisance financière.
Marie Laurencin la représente assise, pensive et légèrement penchée. Son attitude, sa robe et son écharpe rose font écho au rideau situé sur la droite du tableau. Marie Laurencin a placé dans cette toile ses motifs favoris : un grand chien gris semblable à une biche, les pattes croisées, et un bouquet d’où Domenica a tiré une fleur. La ressemblance a été accentuée par l’artiste qui ne peignait d’ordinaire que des visages toujours semblables et stylisés. Le casque de la chevelure brune, la ligne marquée des sourcils surmontant de grands yeux clairs, le modelé du visage, appartiennent bien à Domenica.