28 novembre 2016
1
28
/11
/novembre
/2016
23:40
Maurice Utrillo
Né à Montmartre de père inconnu, Maurice Utrillo (1883 - 1955 ) est le fils de Suzanne Valadon, modèle et artiste peintre. Encouragé à peindre pour trouver un dérivatif à un alcoolisme précoce il continue par plaisir . Il vend sa première toile à Pigalle en 1905 expose au Salon d'Automne de 1909 . Toiles et pinceaux l'aident à surmonter un quotidien douloureux, scandé d'internements et de cures de désintoxication
Toute sa vie Utrillo peint le quartier de Montmartre où il vit. Revenant plusieurs fois sur un même site qui l'inspire, comme l'Eglise de Clignancourt, il transcende ce qu'il voit, se sert de l'anecdote comme support à l'expression de son lyrisme. La fameuse "période blanche", apogée de sa carrière de 1912 à 1914, se caractérise par les empâtements blancs, écrasés au couteau, où est parfois mélangé du plâtre qui se fabriquait alors sur la butte de Montmartre .
Paul Guillaume organise en 1922 l'exposition de trente cinq peintures d'Utrillo qui apporte au peintre le succès
"La Maison Bernot " Huile sur toile : 100 x 146 cm / Signé et daté en bas à droite en vert foncé Maurice Utrillo
Cette toile représente un groupe de personnages descendant la rue du Mont-Cenis, sur la butte Montmartre à Paris. On reconnaît sur la droite le campanile de la basilique du Sacré-Cœur, achevé en 1912. L’angle de vue choisi, sans doute d’après une carte postale, permet de voir la "maison Bernot" sur la gauche. Utrillo a réalisé cette toile alors qu’il résidait dans l’Ain, loin de la capitale, et selon un de ses biographes, il "se souvient des plus humbles détails et, sous sa brosse, il en ordonne l’énumération précise et savoureuse...". La carte postale servait probablement de support à ses souvenirs. Eloigné temporairement de Paris, Utrillo, qui avait habité Montmartre dès sa naissance, était apparemment nostalgique de ce quartier.
Sa technique est différente ici de celle de ses autres œuvres. Il accentue de gros traits noirs les lignes architecturales qui s’opposent à l’animation et aux couleurs des personnages. On ne voit parmi eux qu’un seul homme de dos, sur la gauche. Il s’agit d’un peintre tenant sa palette devant son chevalet. Les femmes à jupes longues et grosses bottines affichent des silhouettes caricaturales, semblables à celles représentées par Utrillo dans La mairie au drapeau, peinte la même année et également conservée au musée de l’Orangerie.
"Eglise Saint-Pierre de Montmartre" 1914 Huile sur carton parqueté : 76 x 105 / Signé en bas à droite en vert foncé
Utrillo a très souvent peint l’église Saint-Pierre de Montmartre, bâtie au cours du XIIe siècle et largement restaurée de 1900 à 1905. En 1914, elle était déjà dominée par la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, construite à partir de 1875, dont les extérieurs étaient tout juste achevés. On aperçoit ici deux de ses dômes et son campanile, lui-même terminé en 1912.
Parmi les multiples versions de ce sujet, le tableau du musée de l’Orangerie montre la façade de Saint-Pierre de Montmartre derrière son portail. Peut-être une carte postale a-t-elle servi de modèle à Utrillo car la composition est très symétrique.
L’artiste s’attache ici à traduire les éléments de la composition par l’emploi de touches différentes. Le trottoir et la chaussée sont peints de fines touches horizontales où les tons clairs et foncés alternent afin de montrer le dénivellement. Une pâte plus épaisse, le blanc caractéristique d’Utrillo, lui sert à rendre les façades des maisons et de l’église Saint-Pierre, les dômes et le campanile du Sacré-Cœur. Le ciel est peint d’une touche compacte qui réduit la profondeur. Les fenêtres et ouvertures des constructions sont closes ou opaques. Seules les feuilles des arbres, rendues par de petites touches vertes et jaunes animent ce paysage parisien.
Provenance : Paul Guillaume ; Domenica Walter
"La Mairie au drapeau" 1924 Huile sur toile : 98 x 130 cm / Signé et daté en bas à gauche en noir Maurice Utrillo 1924
La santé d’Utrillo se dégrade dès 1909, l’empêchant parfois de peindre en plein air. Il réside alors en maison de santé ou sous la surveillance d’un de ses proches dans l’atelier ou une chambre d’hôtel. Sa mère l’artiste Suzanne Valadon (1865-1938), et le second mari de celle-ci, lui procurent des cartes postales afin qu’il trouve de nouveaux sujets et puisse poursuivre son travail. Sans doute cette toile est-elle inspirée d’une carte montrant le village de Maixe, situé dans l’Est de la France en Lorraine, près de Lunéville.
Cette œuvre est plus colorée et animée que celles peintes par Utrillo dans les années 1910 conservées au musée de l’Orangerie. Les murs blancs des maisons contrastent avec leur toit rouge. Le chemin est bordé de verdure, dont la couleur répond à la porte d’un jardin. Le clocher gris et brun d’une église se détache sur la gauche. Il surmonte un groupe d’hommes et de femmes conversant. Comme dans une photographie, deux femmes sont face à face saisies dans leur mouvement. Un couple est détaché du groupe et s’éloigne sur la droite. Les personnages mêlent femmes en jupes encore longues, hommes en blouse bleu de paysan et soldats en uniforme rouge et bleu. Quant au drapeau français tricolore, Utrillo l’a placé au centre de la toile, ce qui attire l’œil du spectateur.
Provenance : Paul Guillaume ; Domenica Walter
"Grande Cathédrale ou Cathédrale d'Orléans 1913 / Huile contre-plaqué parqueté : 12 x 54 cm /signé en bas à droite en bleu
Utrillo représente ici la façade de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, principalement bâtie au XIIIe siècle. On ne sait si l’artiste s’est rendu dans cette ville ou s’il s’est inspiré d’une carte postale. Cette vue est plus abstraite que la façade de Notre-Dame de Paris réalisée par Utrillo et conservée au musée de l’Orangerie. Dès 1909, l’artiste mélange à sa pâte de la colle, du plâtre et du ciment pour obtenir une matière blanche caractéristique. Des touches de gris et de bruns y sont ici ajoutées peu à peu pour obtenir l’effet recherché.
Le tableau est inachevé et permet d’explorer certains procédés de l’art d’Utrillo. La couche préparatoire du fond est encore visible. La ligne droite dans le bas, qui sert de support au motif, est également visible. La façade y est posée comme une maquette sur un support. Les formes sont tracées à l’aide d’une règle et d’un compas.
La signature d’Utrillo a été peinte dans la pâte puis nettoyée et remplacée par une écriture à l’encre. Selon certains, le marchand Libaude reprochait à Utrillo d’avoir une signature trop grande et Suzanne Valadon, mère de l’artiste et peintre elle-même, grattait sa signature et en substituait une autre.
Provenance : L. Libaude ; Paul Guillaume ; Domenica Walter
"Rue du Mont-Cenis"1914 / Huile sur carton parqueté : 76 x 107 / Signé et daté en bas à droite en vert foncé Maurice Utrillo
Même s’il résidait souvent en-dehors de la capitale, Maurice Utrillo connaissait le quartier de Montmartre à Paris depuis son enfance, puisque sa mère Suzanne Valadon (1865-1938) y avait un atelier, qu’il partagea plus tard au 12 de la rue Cortot. Utrillo habitait Montmartre au début de la guerre, logé par le propriétaire d’un petit restaurant appelé familièrement Le casse-croûte. Il voyait la rue du Mont-Cenis depuis la fenêtre de sa chambre et peignit plusieurs vues de cet endroit. La rue épouse la pente de la butte Montmartre et domine Paris.
Il s’agit ici d’un grand tableau peint dans l’atelier. Les lignes de la perspective sont tracées à la règle. Utrillo emploie une pâte épaisse, composée notamment du plâtre que l’on trouvait abondamment à Montmartre. Il s’essaie à une vue d’automne : les arbres sont dépouillés de feuilles et la lumière froide ainsi que le ciel gris sont tempérés par les tons bruns de l’immeuble aux volets clos et du toit de la petite maison. Celle-ci est la "maison de Berlioz" demeure du compositeur Hector Berlioz (1803-1869) de 1834 à 1837. Utrillo a réalisé une vue de cette maison également conservée au musée de l’Orangerie. Là encore, il a ajouté le drapeau français et sa première signature a été grattée et remplacée.
Provenance : Paul Guillaume ; Domenica Walter