26 novembre 2016
6
26
/11
/novembre
/2016
21:36
Pablo Picasso
Si Paul Guillaume ne fut pas le marchand attiré de Picasso ( 1881- 1973 ), leur intérêt commun pour l'art primitif, et particulièrement l'art "nègre", les rapprochait. Guillaume le premier, consacra dans sa galerie, en 1958, une exposition commune aux deux grands maîtres de la peinture qu'étaient déjà Picasso et Matisse
De l'oeuvre immense de peinture espagnole, un très bel ensemble de tableaux, datant essentiellement du séjour de l'artiste dans le petit village catalan de Gésol en 1906, est dominé par les monumentales Baigneuses de la période dite "néoclassique" des années 1920
La collection des oeuvres de Picasso rassemblées par Paul Guillaume, quoique amendée des oeuvres précubistes et cubistes que le marchand a un temps possédées et que représente la Grande nature morte, remplit ainsi l'un des objectifs qu'ils s'était fixé pour son musée : affirmer, dans une relecture " équitable " de l'art moderne, la vigueur de la "modernité clacissisante" dans la première moitié du xxème siècle
Pablo Picasso "Femmes à la fontaine"1921 Huile sur toile : 50 x 52 cm / Signé en bleu en bas à droite Picasso
Peintre, sculpteur, dessinateur et céramiste espagnol d’une longévité créatrice exceptionnelle, Pablo Picasso (1881-1973) arrive à Paris dès 1901 et s’engage dans sa célèbre période bleue (1901-1904). Le pastel de grand format, L’Étreinte, conservé au musée de l’Orangerie témoigne des tonalités froides utilisées par l’artiste à cette époque. Lors de l’année 1906, alors que Picasso est en pleine période rose (1904-1906), il montre un intérêt croissant pour les figures robustes que va renforcer son voyage à Gósol, en Espagne (Les Adolescents, Femme au peigne). Le Nu sur fond rouge annonce quant à lui les recherches de Picasso pour Les Demoiselles d’Avignon (1907, MOMA, New York).
Les poses et attitudes classiques de ces œuvres apparaissent de manière renforcée dans les grandes figures des années 1920 caractéristiques du "retour à l’ordre" et dont l’Orangerie conserve plusieurs toiles majeures (Grande baigneuse, Femme au chapeau blanc, Grand nu à la draperie, Femmes à la fontaine). Enfin deux œuvres de la collection du musée de l’Orangerie sont proches d’une esthétique relevant du cubisme tardif (Grande nature morte et Femme au tambourin).
L’état actuel de la collection pourrait laisser penser que le collectionneur et marchand Paul Guillaume n’a pas retenu la période cubiste de Picasso mais uniquement ce qui l’a précédé et suivi. Cependant il faut souligner que son épouse Domenica s’est séparée après sa mort des œuvres les plus audacieuses de cette période. Si Paul Guillaume ne fut pas le marchand attitré de Picasso, leur intérêt commun pour l’art primitif, et particulièrement l’art "nègre", les rapprochait.
Paul Guillaume fut par ailleurs le premier marchand d’art à consacrer dans sa galerie, dès 1918, une exposition confrontant les deux grands maîtres de la peinture Matisse et Picasso.
Pablo Picasso 1906 "Femme au peigne" Gouache sur papier : 139 x 57 cm / Signé en bas à droite Picasso au crayon rouge
Cette très grande gouache sur papier annonce un tournant radical dans la manière de Picasso. Une femme nue est représentée debout peignant sa longue chevelure noire. Certains détails frappent cependant : le déséquilibre du corps, le raccourci du dessin, la disproportion de la tête ainsi que la stylisation naissante du visage. La schématisation de la poitrine et du pubis par des formes triangulaires annoncent la radicalité des figures qui vont conduire Picasso vers le cubisme et dont on trouve également un exemple dans la collection Walter-Guillaume avec le Nu sur fond rouge. Picasso réalise d’autres figures de femmes se coiffant au cours de l’année 1906. L’une des versions les plus proches est un bronze conservé au Baltimore Museum of Art aux États-Unis. On connaît également des dessins de cette même année représentant le même sujet. Cependant toutes ces représentations présentent la posture d’une femme accroupie se coiffant faisant de la version du musée de l’Orangerie une œuvre tout à fait particulière. Le marchand Paul Guillaume fait l’acquisition de cette toile de Picasso en 1929. Sa veuve Domenica conserve ensuite la toile, contrairement à de nombreux Picasso qu’elle met en vente dans les années suivant la mort de son mari.
Provenance : Paul Guillaume en 1929 ; Domenica Walter