4 juin 2016
6
04
/06
/juin
/2016
20:57
Indissociables , le Port et le ville
Vues d'ensemble
Il est précieux de trouver sous le pinceau habile de Théodore Gudin , une vision d'ensemble de la ville et le port. Exécutée avec précision et sensibilité, sa grande aquarelle restitue sans doute très exactement l'aspect extérieur de la ville, l'extraordinaire triangle en forme de voile latine, posée " comme l'aile blanche d'une mouette"sur les collines vert tendre. Le fort de la citadelle du Dey, la Casbah qui donna son nom au reste de la ville arabe, dominait les remparts sur la droite, et dans le lointain, sur une colline que le peintre rendit plus haute que nature, se dressait le Fort l'Empereur, construit sur l'emplacement stratégique où Charles Quint posa sa tente pour diriger le siège de la ville.
A l'extérieur des remparts, sur le côté droit, l'importante "Zaouia" de Sidi Abd-er-Rahmane émerge au milieu des arbres, au-dessus du quartier de Bab-el-Oued. On perçoit dans cette oeuvre combien El-Djazair était resserrée dans ses murailles, et combien son port se trouvait à l'étroit derrière l'abri de son unique jetée.
Lorsqu'une quarantaine années plus tard Coulange - Lautrec peignit sa grande toile panoramique, il mit l'accent sur la hauteur de cette jetée et sur l'imposante tour de l'Amirauté, sentinelle d'un port longtemps inexpugnable.
La tour octogonale, qui portait un fanal à son faîte pour éclairer la darse, fut élevée sur la base de la forteresse du Penôn par un successeur de Kheir-Eddine. L'ensemble du "Bordj el Fanar" ( ou Château du phare) fut munit de cinq étages de feux par le dernier dey d'Alger, et reçut le phare actuel de la Marine française en 1834
Amirauté
Le Bordj el Coptan, ou château de l'Amiral, aurait été construit après 1810 par le Dey Hussein. Il servait de logement au Coptan Raîs , maître de port. Les voûtes qui supportent le pavillon furent élevées avec les pierres de l'antique cité de Rusgunia située vers le cap Matifou, que les Turcs n'avaient céssé d'exploiter.
La décoration intérieure comportait des plafonds de bois sculpté et enliminé, des plâtres ciselés et des faîences anciennes, et dans une belle cour à colonnes se trouvaient encore quatre fontaines de marbre. A côté s'élevait la demeure du ministre de la Marine, l'Oukil el Hardj.
Sous les voûtes du pavillon était aménagée la cale.
A la fin du xix ème siècle trois voûtes supplémentaires furent construites devant les deux d'origine, afin d'agrandir, pour les besoins des commandants de la marine et du port, les appartements et les bureaux du premier étage. Elles donnèrent aux bâtiments l'aspect qu'on peut leur voir sur la majorité des tableaux modernes et qu'ils ont conservé jusqu'à ce jour.
La darse qui acceuille les bâtiments de l'Amirauté constituait la totalité du port Barbaresque. Du fait de son peu de profondeur, après les travaux d'agrandissement du port moderne, elle devint un paisible bassin pour les barques de pêche et le sport nautique...Avec" son ensemble de Palais et de fortins qui se mirent dans l'eau en une palette multicolore dont les nuances changent quotidiennement", ce coeur historique du port et de la ville a fasciné tous les peintres d'Alger.
Parmi ceux qui l'ont le plus souvent contemplé :
Maurice Bompard
Qui délaissa exceptionnellement le Sud pour livrer sa très belle version en perspective fuyante...
Léon Cauvy
Il faut réserver une place à part à Léon Cauvy, qui s'empara du cadre emblématique des bâtiments anciens pour y recréer une vie évocatrice de leur histoire. Tantôt choisissant les hauts voiliers qui parlent d'aventure tantôt plaçant sur le môle, dans un amalgame de son cru, la cohue colorée des marchands venus du bled pour vendre leurs denrées. Il composa des scènes reconnaissables entre toutes. Les femmes voilées tenant leurs enfants par la main, les hommes et larges chapeaux de paille menant leurs moutons, apportaient peut-être artificiellement l'atmosphère orientale, mais l'imagination trouve son compte dans ces créations agréables à l'oeil
Léon Cauvy a saisi l'instant à la hâte dans des petits canots pour aller se baigner un peu plus loin en longeant la jetée. On les dirait sortis tout droit d'un livre de Camus, enfant pauvre du quartier populaire de Belcourt, qui raconta à diverses reprises ses escapades de lycéen amoureux du soleil et de la mer.
Alexandre Rigotard
" Le spectateur assis de la vieille darse", fût l'un de ceux qui en évoqua le mieux la vie quotidienne les pêcheurs et recherchant les effets du soleil sur l'eau entre les barques.
Benjamin Saraillon
Il illustra avec fraîcheur les activités habituelles
Published by Eglantine
-
dans
Alger et ses peintres : 1830 - 1960
Alger et ses peintres
commenter cet article …
commenter cet article …